De grands yeux écarlates et une musculature assez développée. Une résistance aux chocs phénoménales. C'est tout.
Et voilà, Lekkå. Tu pars au quart de tour. Il t'en faut peu, il te faut rien, en fait. Un rien, voilà. La moindre remarque, le moindre geste de travers et te voilà en train d'hurler et de t'agiter dans tous les sens. Tu cries si fort ! Tu hurles, même. Tu menaces, tu jettes des regards méprisants et même parfois, tu en viens aux mains. Tu fais peur, Lekkå. Tu fais peur aux gens, et des fois tu fais même pas exprès ! C'est quand même triste. T'as toujours été ce petit gars à qui il fallait pas chercher des noises, celui qui se laissait pas marcher sur les pieds et qui explosait (littéralement) au visage de tous ceux qui osaient te chercher des embrouilles.
Tu fais ta mauvaise tête. Encore. Tes premiers souvenirs à l'école de l'orphelinat, c'est toi tout seul au fond de la classe, à regarder le paysage par la fenêtre. T'écoutes rien. Du plomb dans la cervelle, ah ça oui. La maîtresse essaie de te faire te concentrer sur le cours mais pas la peine, t'es pas intéressé, t'es pas un bon élève, c'est décidé, c'est l'étiquette que tu t'es donné. T'as tout compris à la vie Lekkå. T'as décidé que tu serais un caïd. Un rebelle. Un battant quoi. T'allais pas te laisser faire. Tu serais bon élève en cachette.
Tu te poses beaucoup de questions. Peut-être même un peu trop. T'es probablement parano, tu fais partie des inquiets, des nerveux. T'es pas timide mais t'hésites avant d'adresser la parole à quelqu'un, t'aimes pas passer des coups de fil, t'oseras jamais poser de questions en cours et quand on t'interroges à l'oral, tu tritures tes mains nerveusement, t'as les joues qui deviennent roses, et t'as vraiment, vraiment hâte que ça se finisse. T'aimes pas avoir les regards posés sur toi, les projecteurs braqués sur ton visage.
T'es à l'aise avec ta sexualité. T'es un romantique, on pourrait même dire que t'es fleur bleue, même si ça te gêne, ça te dérange, ça te fait grincer des dents. Ton coeur est pris, comme d'habitude. Chaque joli regard, chaque petit sourire te fait chavirer. Le moindre mot doux prononcé reste ancré dans ton esprit pendant des semaines. T'es un con, Lekkå. C'est ça qu'on retient. Le mec trop brusque. Trop teigneux. Tu fais tout tomber parce que t'es un foutu maladroit. Tu détruis tout. Pas fichu de trouver la réponse à 2 + 2. T'es un puzzle, un labyrinthe. T'es une chose, et puis une autre. Un concept. Une idée, mais du genre idée vague, idée abstraite, tu fais tourner les têtes, chauffer les méninges, et tu brises les cœurs. T'es paradoxal.
actes > paroles ○ loyal ○ fier ○ distrait ○ direct ○ orgueilleux ○ confiant ○ protecteur ○ colérique ○ jaloux ○ renfermé ○ casse-cou ○ fonce dans le tas et advienne que pourra ○ veut être le meilleur ○ aime l'argent ○ pas bavard ○ protecteur ○ territorial ○ sa famille passe avant tout ○ fait et dit des trucs, regrette après ○ a du mal à exprimer ses sentiments.
aucun d'eux n'étaient voulus.
c'est la réalité de la vie. très jeune, il avait appris à s'y faire. il était un battant, certes, mais certaines choses ne peuvent être changées. alors, il avait appris à accepter. à se plier aux ordres - à courber la nuque. au moins pendant son enfance. il planifiait, des années à l'avance. ce qu'il allait devenir, ce qu'il ferait. bientôt, son esprit devint noir, un noir néant qui étouffait son âme. son esprit mourrait d'envie de vengeance.
son frère, son grand frère, était le préféré. le premier, celui qui semblait être le plus abouti, peut-être. ils avaient tous des alters différents - et lekkå ne connaissait même pas celui de son grand frère, parce qu'ils étaient séparés. ils vivaient loin les uns des autres, comme si la présence de ses cadets pouvaient entacher le génie du plus vieux.
un jour, maman avait essayé de le tuer. ses mains enserrées autour du cou de son propre fils, elle essayait de le supprimer. c'est ce jour-là que son alter s'est déclaré. la peur panique, la détresse immense qu'il avait ressenti avait suffi à le déclencher, alors qu'il n'était encore qu'un tout petit garçon. néanmoins, il se savait désormais capable de se défendre - capable de défendre ses petites sœurs, au cas où. alors maman les a abandonné.
ils s'étaient réveillés dans la forêt d'ameratu, seuls, démunis. effrayés. dès lors, une rage immense, intarissable s'était éveillée en lui. il refusait catégoriquement d'être faible. ils étaient rentrés à pied à polaris - et s'étaient dirigés d'eux mêmes vers l'orphelinat. parce qu'ils savaient, qu'ils ne pouvaient plus revenir à la maison.
il n'avait cessé de travailler, depuis ce jour. de trimer, autant que possible, pour la famille qui lui restait. c'était un peu lui, la figure maternelle, soudain. c'était lui qui comblait le vide affectif, à défaut de pouvoir trouver des bras dans lesquels se reposer à son tour. il n'avait pas le temps de se reposer de toutes manières. et il était entré à yuei pour l'argent. parce qu'il avait terriblement besoin d'argent, terriblement besoin de prouver qu'il était là, qu'il existait. qu'il était vivant.